Interview : Babyghost, le premier rappeur franco-thaï

Interview : Babyghost, le premier rappeur franco-thaï

C’est dans un café au pied de la tour Montparnasse que j’ai donné rendez-vous à Babyghost, jeune rappeur franco-thai qui enchaîne les scènes et prépare actuellement son album. Le temps de passer commande, de brancher le magnéto, et c’est parti !

Babyghost

Infos-Thailande : Comment as-tu commencé la musique ?

Babyghost : J’ai débuté quand j’étais petit, en apprenant tout seul à jouer de la guitare. Mes parents ne voulaient pas que je prenne de cours, ils préféraient que je fasse des études pour devenir médecin ou avocat… Puis plus tard, je me suis intéressé au hip-hop, et j’ai commencé à faire des sons. Et là je bosse pas mal sur mon album.

Pourquoi ce pseudo ?

C’est par rapport au chanteur Babyface, et aussi parce que j’ai l’impression de ne pas vieillir. Enfin, quand j’ai commencé le rap, j’étais toujours aux platines, donc on me voyait très peu, comme un fantôme…

Tu as fondé ton collectif…

Oui, ça s’appelle AGK Family, pour Asian Good Karma. L’idée est de rassembler plusieurs talents asiatiques qui vivent ici. Il y en a qui font du rap, d’autres du chant, du graf, de la danse… Et il y a aussi mon groupe : Gênes 2 Thaï. On doit être le seul groupe franco-thai au monde ! (Rires.)

Vous faites souvent les premières parties des artistes thaïs qui viennent en France. Comme pour le concert de Ice Saranyu récemment…

Oui. Déjà parce qu’on est un des seuls groupes thaïs en France, et puis on est aussi très ouverts au niveau des textes. Il n’y a pas d’injure par exemple.

rap thai

Tu sais si vous êtes écoutés en Thaïlande ?

Oui, car on a déjà eu des propositions après avoir fait des concerts ici. Mais on a refusé, car on devait s’adapter au style local, donc il fallait qu’on change nos textes, nos sons, etc. Là-bas, le rap doit être forcément positif, alors que mon groupe et moi, on parle de la vie, on fait du rap conscient et engagé. Mais on n’est pas militants ni nationalistes, malgré ce que les gens pourraient penser. Au niveau des sujets qu’on aborde, on est bien plus proches de Carabao que de Thaitanium par exemple.

Pourquoi ? Tu n’aimes pas le rap thaïlandais ?

Le rap thaï ne me plaît pas vraiment. Même s’ils ont de bonnes productions, je ne suis pas fan de leurs textes, c’est très commercial…

Et le rap français, tu aimes ?

Oui, mais je suis plutôt old school. Genre La Cliqua, IAM…

Parlons un peu de ta vie. Tu es né en Thaïlande ou en France ?

Moi je suis né ici. Mon père était taxi à Bangkok et est venu travailler en France en 1974. Lui était originaire de Phetchaburi, et ma mère de Saphan Buri.

Et tu as souvent l’occasion d’aller en Thaïlande ?

Non, ça fait plus de dix ans que je n’y suis pas allé. Et à chaque fois c’était pour des raisons familiales… Mais là j’y vais à la rentrée. Je vais essayer d’en profiter pour enregistrer un peu là-bas.

Comment tu as appris le thaïlandais ?

C’est ma grand-mère qui me l’a enseigné. Mais je ne parle pas très bien… Et je ne sais pas encore l’écrire, mais j’essaye d’apprendre, au Wat Thammapathip notamment.

On te croise beaucoup là-bas…

Oui, j’adore cet endroit. J’ai commencé à y aller quand j’étais ado, avec la famille. Il y a une vraie entraide et une vraie solidarité entre Thaïs là-bas. Et on est heureux d’y jouer. Surtout qu’à chaque fois, ça permet à des jeunes de venir et de découvrir le temple. C’est important que les jeunes issus de l’immigration thaïe s’intéressent à la culture de leurs parents. Certains sont presque fiers d’être « francisés » et de ne parler que le français, mais il faut aussi connaître son pays d’origine, c’est un des messages qu’on essaie de faire passer dans nos morceaux.

Le MySpace de Babyghost

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