Le rapport annuel de Reporters sans frontières sur la Thaïlande

Le rapport annuel de Reporters sans frontières sur la Thaïlande

Reporters sans frontières a rendu publique son rapport annuel 2008 le 13 février. L’occasion de s’intéresser à la situation de la presse en Thaïlande.

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Selon ce rapport, l’année écoulée a vu le Conseil National de Sécurité, issu du coup d’état de septembre 2006, concentrer ses attaques sur les médias proches du Premier ministre déchu (Thaksin Shinawatra, ndlr.). Selon un document interne, une campagne médiatique de dénigrement aurait même été engagée pour discréditer le People Power Party, avec l’appui des radios et des chaînes de télévision dont ils détiennent les licences. Si elle a eu lieu, cette opération a été un échec, puisque le PPP a été élu lors des dernières élections. Le rapport de RSF note par ailleurs que Samak Sundaravej, le nouveau Premier ministre issu de ce parti, est coutumier des attaques contre la presse, ce qui laisse entrevoir une année tendue entre les médias et son gouvernement.

Pourtant, Chavarong Limpattamapanee, journaliste et secrétaire général du Conseil de la presse, considère que les médias sont « bel et bien sortis de l’ère Thaksin où les pressions étaient incessantes. Au sein des rédactions, les journalistes écrivent en toute sérénité. Dans les chaînes de télévision, c’est un peu moins vrai. »

RSF souligne aussi qu’une chaîne de télévision animée par des proches de Thaksin a été « tuée dans l’oeuf », et que des blogueurs supporters du PM en exil ont été arrêtés par les militaires. CNN, qui s’apprêtait à diffuser une interview de lui, a été bloqué, tout comme le site de la chaîne américaine. Des consignes ont en outre été données aux médias audiovisuels pour qu’ils ne retransmettent pas les interventions de Thaksin ou de ses proches. La chaîne People’s Television a aussi été interdite après dix heures de diffusion. Il faut dire qu’avec un nom comme ça, il y avait peu de doute sur son orientation politique…

Ce rapport annuel est aussi largement consacré à Internet.

Une loi contre la cybercriminalité (Computer Crime Act) est entrée en vigueur en juillet, autorise dorénavant la police à saisir le matériel informatique des personnes suspectées de diffuser des messages à contenu insultant ou pornographique. Les fournisseurs d’accès doivent aussi conserver les données de leurs internautes durant 90 jours. Celles-ci peuvent être consultées par les autorités sans contrôle judiciaire.

Le rapport revient aussi sur la polémique autour des vidéos diffusées sur Youtube à l’encontre du Roi Bhumibol Adulyadej. Le site de partage avait été bloqué d’avril à août, et s’est depuis engagé à ne pas laisser passer les contenus coupables de lèse-majesté.

La création d’un Comité national de supervision des médias a aussi été annoncée. Il regroupera des représentants du gouvernement et des diffuseurs de contenus sur Internet.

Toujours selon RSF, des sites de soutien à Thaksin ont également été bloqués, voire fermés, de même que des forums et des sites proches des mouvements indépendantistes du sud du pays.

Le rapport se conclut enfin sur le cas du blogueur Praya Pichaï, qui a été accusé de critiquer la monarchie sur son blog, et détenu deux semaines. Relaxé, il reste néanmoins sous surveillance pendant dix ans et risque la prison s’il traite encore de la politique sur son blog…

Le rapport complet est disponible sur le site de Reporters sans frontières.

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